Ecliss

Aussi loin que remontent ses propres souvenirs, Ecliss a toujours vécu aux côtés des hommes. Le seul souvenir qu'il lui reste de sa vie "d'avant", c'est la certitude de s'appeler Ecliss. Sinon, avec les humains, elle en avait oublié son propre caractère, ses envies, à la limite si elle n'avait pas oublié qu'elle était un pokémon. Maintenant qu'elle est retournée à la vie sauvage, elle découvre le monde, et se découvre elle-même. Donc, si un jour vous la rencontrez, ne soyez pas surpris (ou soyez-le). Vous la trouverez sûrement en pleine méditation de reconstruction, le regard rêveur. Certes, cet Evoli est presque adulte, et cela vous fera certainement bizarre. Elle vous ignorera peut-être quelques minutes, perdue dans ses pensées. Puis enfin elle vous regardera de ses pupilles saphirs, en silence. Un silence qui ne veut dire qu'un simple chose : Que dire ? Ecliss parle peu, pour penser beaucoup. Ses phrases sont courtes, mais pertinentes, autant que ses analyses. Car, si elle se connait peu et se cherche encore, Ecliss possède l'étrange faculté qu'ont certaines personnes de pouvoir lire dans le cœur des gens rien qu'en les observants.

Mais elle n'est pas méchante, Ecliss. Souvent, elle évitera de vous parler de ce qu'elle a lu en vous, pour ne pas vous blesser d'avantage. Elle est aussi du genre calme et secrète. Elle ne veut pas faire part de ses problèmes personnels mais apprécie la compagnie des autres. Ecliss n'est pas non plus de ceux qui cherchent sans cesse la bagarre. Elle aura plutôt tendance à l'éviter, à trouver une alternative. Son caractère vous semble réservé ? C'est surtout parce qu'Ecliss est en conflit avec elle-même et avec son avenir. Certain diront que... c'est comme si elle n'était pas dans le même monde. Présente, tout en ne l'étant pas. Tout ce qu'il lui faut pour s'attacher à quelqu'un, c'est du temps.

D'autres côtés de sa personnalité n'ont pourtant pas changé et ils s'épanouiront au fur et à mesure. L'un d'eux est son enjouement et son insatiable curiosité. En plus de se questionner sur elle-même, Ecliss se posera constamment des question sur le monde et les mystères qui l'entoure. Et elle cherchera avec patience, détermination et force des réponses à tout. Parfois même avec imprudence. De plus, c'est principalement sa curiosité qui la poussera à prendre la parole. D'autres facettes de son esprit sont aussi sa fidélité et sa confiance. Elle aime pouvoir donner sa confiance à quelqu'un, ainsi que de la recevoir. Sans doute est-ce un peu de naïveté par rapport à la vie ? De toute façon, je vous laisse juger d'elle par vous même.

Dernière point. Sa vie aux côtés des humains lui a tout de même appris quelques petites choses. Surtout ses trois compagnons, Queulorior, Pijako et Roselia. Artiste dans l'âme, Ecliss s'abandonne parfois à quelques tableaux naturels (peinture de baie, bricolage ou dessin sur le sable). La jeune Evoli possède aussi une excellente oreille musicale et apprécie écouter les bruits autour d'elle, sans oublier les instruments et les chants. Quand l'envie lui prend, on peut la surprendre en train de fredonner un petit air si elle est seule. Aussi, elle possède une assez bonne connaissance des plantes en tout genre, ainsi que les baies, pouvant empoisonner, soigner, lustrer, affaiblir, etc...

Ecliss est née une nuit d’hiver, fraîche, et éclairée par la pleine lune. L’astre aurait dû n’être qu’un étrange demi-cercle fin comme un cheveu, n’éclairant plus rien. Mais cette phase de la lune ne se produisait que deux fois chaque année, au printemps et en automne. Le niveau de la mer baissait alors et il y avait constamment une brume épaisse et un noir d’encre sur l’océan. Cet étrange phénomène, les Aquali le connaissaient parfaitement. C’était le moment opportun pour trouver une crevasse où mettre bas en toute sécurité, des petits qui ne pourraient survivre dans l’eau, contrairement à leurs parents. La marrée ne remonterait qu’au petit jour, ce qui laissait largement le temps à la mère de ramener ses petits un à un sur la berge pour les élever. Pourquoi ne pas mettre bas directement sur la plage, alors ? Eh bien, les Aquali ont vraiment besoin d’eau calme à proximité car ils perdent beaucoup plus d’eau que leurs autres cousins évolutifs. La deuxième raison est la sécurité, de nombreux Aquali s’étant fait lâchement dévorer pendant leur mise-bas, le seul moment, pour certains prédateurs, de pouvoir goûter à la chair de ces insaisissables pokémon.

Mais je m’égare. Ce n’est pas un documentaire que je dois faire, mais bien vous compter l’histoire de la jeune Ecliss. Elle naquit en hiver. Sa mère avait été fécondée à la mauvaise période. Elle dû donc mettre bas sans marrée basse, sur la plage, avec une lune éclatante, faisant reluire ses écailles. Pas très, très discret. Elle dû se mettre loin des vagues puissantes, pour que les petits ne se fassent pas emporter, et renonça de ce fait à sa seule source d’énergie. La mise-bas commença. Douloureuse, lente. L’accès à l’eau étant impossible, ce ne fut que d’autant plus dur. Quand Ecliss sortit, sa fourrure reluisait de reflets argentés provenant de la lune et faisant contraste avec le brun de ses frères et sœurs. Un shiney, une perle rare. Pourtant, la mère ne s’en souciait guère, nettoyant avec application sa petite dernière, tout en lui insufflant son nom, dont elle se souviendrait toute sa vie ; Ecliss. Ce nom était censé aider son petit à choisir quelle évolution, et quelle voie future il prendrait.

Malheureusement, si l’Aquali traitait aussi bien Ecliss que ses frères et sœurs, sans faire de différences entre eux, les humains, eux, sont beaucoup plus cupides que les mères pokémon. Deux d’entre eux, qui étaient de passage, ne purent qu’apercevoir de loin l’Aquali mettre bas. Evidemment, ils ne purent s’empêcher aussi de remarquer l’éclat scintillant d’un des petits. Alors, avec l’aide de leurs pokémon, ils vinrent séparer Ecliss de sa mère. Ils n’eurent aucun mal à ça, la mère étant épuisée et à la limite de la déshydratation. Elle s’effondra sur le sol, vaincue, et les humains repartirent avec ce qu’ils considéraient être leur dû, la petite Evoli shiney. Elle fut rapidement vendue à un bon prix, et tomba entre les mains d’une fille de bonne famille, Célia, qui s’en occupa le temps qu’elle grandisse.

Et quelques années plus tard, Ecliss était devenue une ravissante Evoli, prête depuis déjà bien longtemps à faire des combats. Elle et Célia entretenaient une relation d’amitié étroite et la jeune fille la choisit comme son premier pokémon, afin d’accomplir son rêve de monter sur les podiums des concours. Là commença leur épopée délirante sur la trace des meilleurs. Ecliss, domestiquée depuis bien longtemps, trop longtemps même, refoulait ses instincts de besoin d’évolution pour se concentrer sur les concours. L’idéal de sa maîtresse, de devenir une grande coordinatrice célèbre, Ecliss l’avait pris aussi pour son propre idéal et ne vivait désormais plus que pour ça. Mais l’équipe ne se résumait pas qu’à elles deux. Un Roselia, expert en plantes médicinales, un Queulorior, pro de l’art plastique et un Pijako, dont le sens du rythme était incomparable, les avaient rejoins. Ecliss en appris beaucoup de leur part, ce qui comblait un peu plus le vide qu’elle avait en elle, à cause de ses instincts refoulés. Mais toutes ces impressions n’étaient que chimère, et comme dans tout rêve, il y a malheureusement un moment… où il faut se réveiller. Et le réveil d’Ecliss fut brutal.

Un grand événement était organisé près d’une falaise, au bord de mer. Un concours de grâce y était même prévu. Célia et Ecliss y participèrent, bien sûr. Seulement, cela tourna au désastre. Une attaque feu mal contrôlée de la part d’un des participants fit s’enflammer un rideau. Rapidement, cela dégénéra en un incendie général. Dans la panique à la vue du feu, Ecliss sauta précipitamment des bras de sa dresseuse, lui arrachant malencontreusement son collier, par la même occasion. Une fois à terre, ce fut un véritable survival pour éviter de se faire écraser par la foule et Ecliss perdu Célia et les autres de vue. Elle fut repoussée vers le bord de la falaise, et sans y prendre garde, glissa et tomba. Sa chute vertigineuse lui valu un séjour dans les vapes.

Ecliss se réveilla avec un énorme mal de tête, surprise d’être encore en vie en repensant à tous les rochers qui l’attendaient en bas de sa chute. Ensuite, elle remarqua que son environnement était étrangement mou, cloisonné… et sentait le Magicarpe à plein nez.
« Pwouaaah… », Réagit-elle en se bouchant le museau de sa patte, avant de comprendre où elle était. Elle lâcha encore un plus grand cri de dégoût, puis se décida à pousser de ses pattes avant sur le plafond… qui s’ouvrit ! Ecliss passa la tête dehors avant de pousser encore un cri, mais de détresse, cette fois. Elle était haute dans les airs, dans le bec d’un Bekipan.
« Eh bien, qu’est ce que tu nous as pêché là, frérot ? » Dit une voix venant de l’extérieur. Ecliss, qui était retournée dans le bec, dressa l’oreille. Au Bekipan qui la portait de répondre.
« J’en sais rien, je ne me souviens pas avoir pris autre chose que du poisson ! … En même temps, je ne regarde jamais. J’ai dû la pêcher sans m’en rendre compte. »
« Maman avait raison. Tu es vraiment le plus gourmand de nous deux. Comme elle disait toujours… »
Là, les deux Bekipan continuèrent de concert : « Un jour, tu attraperas une botte ou un Loupio. Tu feras moins le fier ! »
Et ils éclatèrent de rire.
Sans faire plus attention à Ecliss, la conversation des Bekipan dévia sur les pokémon se faisant sauver de la noyade par des pokémon marins pour les conduire à une île. Pendant ce temps, coincée dans le bec, l’Evoli shiney repensait avec une boule dans le ventre, à tout ce qu’elle avait laissé derrière elle. Puis elle découvrit le collier de Célia accroché dans ses poils. Ecliss constata avec regret qu’elle ne savait pas comment retrouver sa dresseuse, car elle n’avait jamais su dans quelle région, quelle ville et encore moins quelle place elles étaient avant d’être séparées. Une question aux Bekipan lui confirma ce qu’elle redoutait aussi. Ils avaient pêchés dans plusieurs endroits, et ne savaient donc pas où ils l’avaient trouvé. Ecliss se laissa bercer par les paroles des oiseaux au sujet d’une île paradisiaque. Elle ne savait plus où aller, et cela lui suffit à la convaincre qu’elle s’arrêterait un moment sur l’île… peut-être pour repartir plus tard. Les Bekipan la déposèrent sur l’île Seikan, et continuèrent leur route.

Le retour à l’état sauvage… fut beaucoup plus dur que ce qu’Ecliss aurait voulu. Elle avait du mal à se nourrir, du mal à dormir, de peur de se faire attaquer. De plus, l’Evoli se retrouvait d’autant plus perdue qu’elle se rendait peu à peu compte que tout ses anciens idéaux n’étaient que foutaise. Ils n’entraient plus en jeu, à présent, et Ecliss se posait de plus en plus souvent des questions. Qui suis-je ? A quoi je sers ? Quelle voie suivre ? … Mes évolutions ? Que devenir ? Le temps de trouver réponse à toutes ces questions existentielles, Ecliss devint plus distante, et parla de moins en moins…