Solitude [Libre & Moyen]

Mesdames, messieurs, je vous demande d'applaudir bien fort l'extraordinaire Lila Mélys !

Lila salua le public qui n'en finissait d'applaudir. Elle sourit, enfin heureuse. Malgré le trac que jamais elle n'avait réussi à neutraliser, elle était la plus heureuse sur scène. Elle s'assit au beau piano à queue et observa la partition. C'était elle, qui avait composé le morceau qu'elle allait jouer. Lila inspira.

Les premières notes réduisirent tout de suite le public au silence. Lila se laissa emporter par la musique, par les images que lui évoquait ce morceau. Sa souffrance... Elle l'avait composé suite à la mort d'Arthur... La mélodie belle et tourmentée la faisait déjà pleurer, le public commençait à sangloter aussi. Elle n'était plus en concert, elle était à l'enterrement d'Arthur, elle voyait le regard froid et méchant d'Edgar... Elle sentait les coups sur sa peau délicate. La musique l'emportait dans un tourbillon violent. Lorsqu'elle plaqua les derniers accords, la salle était en pleurs.

Séchant ses larmes, laissant les autres couler, elle salua en se courbant bien bas, sous les applaudissements déchaînés. Partition sous le bras, elle fit des signes au public et revint dans les coulisses. Elle fut démaquillée, mais ne se changea pas. Elle était vêtue d'une robe rouge en soie, de gants blancs et des ballerines rouges. Saisissant une veste et son sac, elle fut chaudement félicitée par le personnel, lui aussi en larmes et ému. Lila était encore dans la musique, se sentait comme dans un rêve. Elle sortit de la salle de concert, goûtant au silence tranquille. Elle avait toujours besoin d'un long moment de réflexion après ses concerts.

Elle s'adossa à un arbre et tenta de faire le vide en elle. Lorsqu'elle se fut suffisamment calmée, elle contourna le prestigieux bâtiment en marbre et se mêla aux spectateurs. Aussitôt, massifs mais silencieux, deux gardes du corps se glissèrent à ses côtés. Avec le temps, elle avait réussi à ne pas s'en embarrasser. Déjà les gens venaient vers elle, émus. Elle se contentait de leur sourire, un sourire franc et bienveillant. Les gens avaient l'air si heureux... Et c'était grâce au morceau qu'elle avait composé. Lila se sentit heureuse. Sa timidité s'envola, elle virevoltait entre tout le monde, serrant toutes les mains qui lui étaient tendues. Elle resta jusqu'à ce que tout le monde soit parti. Là, elle disparut dans la nuit.

Lila n'avait pas sommeil. Il n'était pas très tard et elle voulait profiter de la ville. Elle était arrivée récemment à Yokuba, et était contente de son choix.
Même si...
Tobias était mort peu après son départ. Accident de voiture. Lila se mordit les lèvres. Elle se sentait presque coupable. Si elle serait restée avec le mécène, peut-être les choses auraient-elles été différentes...

Lila ne put retenir ses larmes. Assise sur un banc, elle glissa par terre et se recroquevilla en sanglotant.

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Pour son premier soir à Yokuba, Hanabi avait décidé d'explorer la ville de nuit. Elle avait toujours été un oiseau nocturne, malgré son style lumineux. Sans l'astre du jour, chaque environnement, surtout les villes, changeait de face, une nouvelle vie s'allumait. Elle avait erré sans but entre les maisons. Venant du petit Bourg Palette, la ville lui paraissait immense, comme les maisons. Mais elle aimait ça. C'était une perspective agréable. Elle passa devant ce qui s'apparentait à une salle de spectacle. Intriguée, elle s'arrêta un instant pour contempler le bâtiment éclairé. Il était massif, de pierre. Il ne ressemblait pas vraiment aux maisons qui semblaient de papier de loin. Elle admira, la bouche entrouverte d'émerveillement. Cet endroit... Etait beau. Tout simplement beau. Elle aperçut alors a foule. Des hommes. Beaucoup d'hommes. Sûrement que peu d'entre eux n'étaient de la trempe du Professeur Chen ! Le prof lui manquait un peu. Mais sa mère... Brr, Hanabi ne préférait pas penser à celle qui l'avait élevé presque avec violence. Elle finit par dépasser la salle, ne tenant pas plus que ça à entrer en contact avec un des hommes. Elle aperçut un square tranquille. Sortant ses Pokémon, elle décida d'aller s'y poser un instant. Elle aperçut alors une jeune fille, d'environ son âge, qui pleurais, affalée sur un banc. Intriguée, Hanabi la rejoignit et posa une main rassurante sur son épaulez, désireuse de la consoler.

"Hé, ça va ? demanda-t-elle moi c'est hanabi, je suis nouvelle. Et toi ?" ajouta-t-elle avec un maigre sourire.

"Hé, ça va ? Moi c'est Hanabi, je suis nouvelle. Et toi ?

Lila sursauta et leva son visage trempé de larmes vers la nouvelle venue. C'était une fille plutôt grande, aux yeux verts lumineux et aux cheveux roux. La fragile Lila sécha ses larmes hâtivement, tenta de se remettre. Pour se calmer, elle sortit Espoir, son Riolu. Ce dernier lui envoya une vague d'apaisement dans tout son être, utilisant son pouvoir de l'aura. Lila se sentit un peu mieux et se leva en tremblant devant la dénommée Hanabi :

Bonsoir. Ça va, un peu secouée... Je suis Lila Mélys, je me suis installée récemment aussi.

Répondit doucement Lila. Elle défroissa sa robe et sourit à Hanabi. Soudain, trois hommes musclés et tatoués surgirent, dévisageant haineusement Lila. Celle ci recula, apeurée. Ils s'approchèrent et l'un d'eux commença à cracher son venin par ses paroles :

Tu nous emmerdes, avec tes concerts ! Rien à faire, de "l'extraordinaire Lila Mélys", comme y disent tous ! Tu fais ta petite chochotte, mais tout ce que je veux moi, c'est tordre ton petit cou de poupée !

Lila lâcha une exclamation affolée, ne sachant comment réagir. Elle avait été victime de tant de haine, tout au long de sa vie... Espoir se posta devant elle, les yeux brillants de colère et de haine envers ces hommes qui menaçaient sa maîtresse. Les trois hommes ricanèrent, et l'un d'eux se précipita sur Lila, la soulevant comme si elle n'aurait été qu'une poupée. Lila tenta de se dégager, du mieux qu'elle pouvait, en vain. Espoir n'hésita pas et utilisa Force. Il se gonfla et fit tomber Lila par terre, libérée des bras de l'agresseur. La jeune fille roula sur elle-même pour échapper aux hommes. Déjà, Espoir envoyait des attaques partout, énervé. Mais les trois agresseurs avaient eux aussi des Pokémon... Ils sortirent un Démolosse, un Grahyena et un Nosferalto. Mais soudain, deux hommes encore surgirent, saisissant les agresseurs au col. Lila les reconnut avec soulagement. Smoking, lunettes noires, hyper musclés, c'était bien ses gardes du corps ! Ils mirent facilement les agresseurs hors d'état de nuire, étant expérimentés. Ils se dirigèrent alors vers Lila, qui tremblait :

Veuillez nous suivre, Mademoiselle Mélys.

Lila jeta un regard à Hanabi, et demeura immobile :

Où... Où m'emmenez-vous ?

Chez vous.

Lila était terrorisée, mais ne voulait pas laisser Hanabi plantée là, même s'il elle ne la connaissait pas. Elle tenait à rester polie envers les gens, quelque soit la situation. Elle secoua la tête :

Pourrais-je rester dans le théâtre ?

Bien sûr, Mademoiselle.

Viens Hanabi, je suis tellement désolée pour cet incident...

Le groupe se dirigea vers le bâtiment en marbre, et y entra. L'immense et magnifique lustre qui pendait au plafond éclairait bien. Lila pouvait passer autant de temps qu'elle voulait ici, ayant donné beaucoup de superbes concerts. Elle s'assit dans un fauteuil, invitant Hanabi à faire de même, tandis qu'Espoir était sur ses genoux.

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"Hé, ça va ? Moi c'est Hanabi, je suis nouvelle. Et toi ?

La fille sursauta. Elle n'avait du voir venir la rousse.

Bonsoir. Ça va, un peu secouée... Je suis Lila Mélys, je me suis installée récemment aussi.

Hanabi sourit. La glace était brisée, les présentations se faisaient.
Son nez fut assailli par nune odeur désagréable. L'alcool et le tabac. Elle se retourna. Des hommes. La crème de la crème de l'espèce : musclés à outrance, des tatouages ridicules sur les bras, l'air complètement abruti, le cerveau compressé par une tête trop petite.

Tu nous emmerdes, avec tes concerts ! Rien à faire, de "l'extraordinaire Lila Mélys", comme y disent tous ! Tu fais ta petite chochotte, mais tout ce que je veux moi, c'est tordre ton petit cou de poupée !

Hanabi haussa les sourcils avec mépris. Autour d'elle, Etoile de Ronces et Etoile d'Argent se resserrèrent en une espèce de formation de défense. Elle allait leur ordonner d'attaquer, mais le Riolu de Lila puis ses gardes du corps la prirent de cours, envoyant valser les agresseurs - ou plutôt les crétins.

Veuillez nous suivre, Mademoiselle Mélys.

Où... Où m'emmenez-vous ?

Intriguée, Hanabi suivit l'étrange échange. La jeune fille devait être bien célèbre pour posséder de pareils vigiles, et pour donner des concerts dans un théâtre d'une telle envergure. La jeune dresseuse, qui se voulait pourtant une artiste également, n'avait guerre pu exposer, de peur que sa mère ne la traite en machine à faire de l'argent. Seul son tableau Nostalgie du Commencement, représentant un Salamèche, un Carapuce et un Bulbizarre, avait quitté son chevalet, trônant dans le laboratoire du professeur. Elle était extrêmement fière de le voir chaque fois qu'elle rendait visite au prof.

Chez vous.

Pourrais-je rester dans le théâtre ?

Hanabi croisa alors le regard de Lila. Visblement, elle s'était faite une nouvelle amie, et pas n'importe laquelle : si elle continuait à ce rythme, elle ne tarderait pas à avoir le bras long à Yokuba.

Bien sûr, Mademoiselle.

La mélomane se retourna vers Hanabi pour lui parler :

Viens Hanabi, je suis tellement désolée pour cet incident...

Et elle attrapa la rousse par le bras pour l'entraîner vers le théâtre.

[color=red]["T'inquiètes/color] fit Hanabi en soupirant Des hommes, on en trouve partout. Je me doutais que je tomberais sur des comme ça tôt ou tard."

Elle suivit sa nouvelle amie dans le théâtre. La moquette rouge donnait à Hanabi une impression de luxe qu'elle ne connaissait pas. D'ailleurs, elle était venue à Yokuba en dresseuse itinérante : elle avait gagné dans des combats l'argent pour prendre le bateau, et maintenant elle était partie pour dormir au Centre Pokémon, et puis elle se débrouillerait pour partir vers la jungle Kusaki, où elle tenterait de capturer les précieux Pokémon shineys qu'elle avait promis au prof.

Lila semblait sûre de son chemin. Elle avait probablement une loge, ou quelque chose comme ça, et Hanabi la suivit sans lui poser de questions.

Lila conduisit Hanabi dans sa loge. Une coiffeuse y était installée. Plus loin, une table basse et quelques fauteuils. Sur la table était posés des pâtisseries et des macarons. La jeune artiste s'assit et invita Hanabi à faire de même. Ne résistant plus, elle proposa des pâtisseries à Hanabi avant de se saisir d'un macaron et d'y croquer. Elle leva la tête vers l'étagère fixée sur le mur, sur laquelle reposait un violon. Elle savait jouer de presque tous les instruments, cela lui plaisait beaucoup. Songeuse, elle se ressaisit et son regard revint à Hanabi. Elle avait semblé impressionnée par le théâtre. C'est vrai qu'il était magnifique. Mais jamais Lila n'avait vu un tel ébahissement. Enfin, elle ne savait pas de quel milieu venait la jeune fille. Mais cette dernière, à première vue, lui plaisait bien. Elle n'était pas comme ces filles stupides qui se moquait de Lila parce qu'elle était surdouée et trop discrète. Pas ces filles snobs qui se peinturluraient le visage de toutes les couleurs et s'habillaient le plus scandaleusement possible. Hanabi n'était pas du tout comme ça. Peut-être Lila pourrait-elle se faire des amies sur Yokuba. Des amis... Elle n'en avait jamais eu. Elle avait toujours eu l'impression que les gens de son âge lui reprochaient sa différence, lui reprochaient ses dons, ses talents. La jalousait, mais en même temps, la méprisait.

Lila revint à Hanabi et brisa alors le silence, souhaitant faire connaissance avec la dresseuse :

Alors Hanabi, d'où viens-tu ?

Lui demanda-t-elle avec un sourire. Espoir était installé sur ses genoux, lui murmurant parfois des choses à l'oreille. Le mépris et la colère qu'il éprouvait pour les agresseurs de Lila, la honte pour les Pokémon lorsqu'il s'était confronté aux Pokémon de ces hommes. Lila le rassurait, lui murmurant des paroles apaisantes. Elle avait été bouleversée par cet incident mais n'était pas en colère contre ces hommes. Au contraire, elle avait pitié d'eux. Pour elle, ces gens-là étaient simplement aveugles. Elle espérait qu'ils arriveraient à se sortir de leur misère, eux qui se vautraient dans leur ignorance. Mais il ne fallait pas qu'elle oublie qu'ils avaient voulu la tuer. Lila était habituée à tant de violence envers elle. C'était pour ça qu'elle tenait à faire connaissance avec Hanabi. Parce qu'elle aurait bien voulu avoir une amie. Beaucoup de gens l'adoraient, c'était vrai, mais c'étaient ceux qui suivaient ses concerts, achetaient ses livres, ses peintures. Il était difficile de s'en faire des amis, puisque Lila était l'objet de leurs adorations, et cela mettait la jeune fille mal à l'aise.

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Hanabi suivit Lila qui la menait à sa loge. La rousse tomba amoureuse du coin coquet et confortable, et surtout... Avec des macarons ! Hanabi se retint douloureusement pour ne pas se jeter littéralement sur la table et engouffrer tous les gâteaux circulaires. Elle ne put s'empêcher cependant de se lécher les babines à l'idée d'en manger ne serait-ce qu'un seul. Finalement, Lila l'invita à en prendre un et à s'asseoir. Le bonheur qu'Hanabi eut à manger le dessert l'envoya direct au septième ciel.

Alors Hanabi, d'où viens-tu ?

En se léchant les coins de la bouche, Hanabi sourit et lui répondit :

Je suis de Kanto. Le Bourg-Palette, pour être exacte ! Et toi, t'es d'où ? interrogea la jeune fille à son tour.

[sorry, pas d'inspi Mad

]

Je suis de Kanto. Le Bourg-Palette, pour être exacte ! Et toi, t'es d'où ?

Lila baissa les yeux en pensant à son passé. Tant de souvenirs douloureux l'assaillaient continuellement... Elle n'avait pas eu une vie facile. Orpheline, elle avait dû se remettre aux personnes qu'elle rencontrait, qui étaient sa seule chance. Sa seule chance d'avoir une vie. Oh, elle en avait eu, de la chance. Elle avait rencontré des personnes extraordinaires. Mais pas seulement... Lila trembla en se souvenant des coups que lui infligeait Edgar Brunner. Cet homme... Il l'avait blessée, au plus profond de son âme. En vivant avec lui, elle avait cru ne plus pouvoir faire confiance aux hommes. Ne plus pouvoir faire confiance à qui que ce soit. Edgar ne lui avait pas seulement fait mal physiquement...

Arthur et Tobias, eux, avaient été comme des pères pour elle. Mais... Jamais personne ne saurait combler ce vide en elle, ce vide provoqué par la mort de ses parents. Elle ne savait pas ce que c'était, d'avoir des parents. Et lorsqu'elle voyait les enfants insouciants dans la rue enlacés par leurs parents, elle détournait la tête, écrasée par une jalousie dévorante et une tristesse sans limites.

Soudain, Espoir lui toucha le bras. Il était conscient de la douleur qui hantait Lila et qui jamais ne laisserait la jeune artiste tranquille. Ce fut au tour du renardeau bleu de lui murmurer des paroles apaisantes, pour la calmer. Lila se reprit en apparence, tentant d'ignorer la douleur. Elle adressa un sourire d'excuse à Hanabi et lui répondit :

D... Désolée. Je viens de Verchamps, à Sinnoh. J'ai eu une vie... Difficile. Mais je suis consciente que je ne suis pas la seule.

Lui expliqua Lila pour justifier son léger malaise. Elle prit un autre macaron, tandis qu'Espoir prenait un Poffin. Pour se détendre, Lila commença à fredonner une chanson qu'elle avait écrite et composée, lorsque Tobias avait recueilli l'orphelin qu'était Espoir et lui avait demandé de l'adopter. Quelle fut sa joie ! Espoir, entendant cet air qu'il connaissait par cœur et qu'il aimait tant, se joignit à sa maîtresse et commença à chanter en cœur avec elle. Lila sourit et serra le Riolu contre son cœur.

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